David Menidrey
Portfolio numérique

Réaliser des outils de médiation pédagogique

Construire


Pour la conception des livrets d’enquête, je me suis appuyé sur un article d’Audrey Van Dorpe et Lucie Scamps intitulé « Des livrets pour accompagner les enfants dans les musées » (La Lettre de l’OCIM, n°120 (2008)). Dans cet article, les auteurs recommandent un certain nombre de caractéristiques que des livrets destinés à des enfants doivent comporter afin que leur portée pédagogique soit efficace.

Leur étude indique que « les livrets séduisent tout d’abord par leur présence dans la structure, car ils répondent à une demande d’information qui émane des visiteurs et offrent une alternative à la visite guidée en accompagnant les enfants dans les expositions. La seconde mission de séduction de ces livrets est de procurer du plaisir à l’enfant visiteur en lui donnant une mission à remplir de manière ludique. Le but est que l’enfant ressorte du musée en ayant compris ce qu’il a vu sans s’être ennuyé ».

Bien que cet article étudie la portée des livrets sur les enfants en visite individuelle, les observations et arguments peuvent s’appliquer pour la visite de groupes scolaires. Les livrets que je devais développer pour La Cité de la Mer remplissaient ces deux objectifs : permettre l’appropriation par les élèves du contenu scientifique et historique de l’espace « Titanic et Emigration », tout en suscitant chez celui-ci une curiosité et un intérêt procuré par la mission que qu'il se donne lui-même de trouver les informations lui permettant de répondre aux questions qu’il se sera posé auparavant en classe.

Pour lui permettre l’appropriation de ce contenu, l’élève doit comprendre comment fonctionne un espace muséal. Les livrets enquêtes doivent donc l'aider à se repérer dans cet espace et à repérer les informations importantes. Pour accomplir cette mission, l’article recommande « l’introduction d’un personnage-guide, présenté au début du livret, [qui] est un moyen efficace pour donner des consignes de visite […] en s’adressant à lui comme à un ami ».

Dans les livrets de La Cité de la Mer, l’élève est donc accompagné par deux personnages :

  • Un passager du Titanic pour l’accompagner dans ses recherches et lui donner des informations historiques ;
  • Un guide qui l’invite à se repérer dans l’espace et à repérer les éléments muséographiques importants de sa visite.

Voici les illustrations réalisées par Gilles Lerouvillois :

 
 

John Borland Thayer Jr.
Passager de 1re classe

 
Simone Laroche
Passagère de 2e classe
 
Elias Nicolas Yared
Passager de 3e classe
   
   
   
Guide du Titanic
   

La première étape de la construction de ces livrets a été de repérer dans l’espace muséal tous les éléments que les élèves devront s’approprier et à définir un parcours logique de l’élève dans cet espace.

Cette visite de repérage de l’espace a permis de construire un court texte qui résume les informations que l’élève doit acquérir au cours de sa visite et qui constituera à son terme une trace écrite lors de son retour en classe.

A partir de ce texte, il a été possible d’organiser les livrets d’enquête en plusieurs parties thématiques :

  • Cherbourg, port transatlantique
  • Les migrants
  • Le Titanic et l’événement tragique
  • Naviguer et communiquer
  • La vie à bord
  • Le naufrage et l’enquête

En respectant les recommandations de l’article de recherche, j’ai adopté un certain nombre de caractéristiques dans la conception des livrets :

  • Les livrets doivent être dans un format facilement utilisable par l’enfant : j’ai donc choisi de construire un livret dans un format A5 pour sa manipulation aisée ;
  • Les consignes doivent être claires et simples, en adaptant le vocabulaire sans pour autant devenir simpliste ;
  • Des illustrations permettent à l’enfant non seulement de s’approprier des connaissances, mais sont également des éléments graphiques qui lui permettent de garder ce livret en souvenir ;
  • Le livret ne doit pas dépasser une vingtaine de pages ;
  • Les élèves ne sont pas en mesure dans un espace muséal de formuler à l’écrit de longues réponses. Les réponses demandées à l’élève doivent donc être courtes (d’un simple mot à une courte phrase).

Ces caractéristiques m’ont permis de produire les livrets ci-dessous dans leur version de travail en mars 2013 :

 
 

Livrets 1re classe

   

Cet outil comprend trois livrets différents, chacun suivant le parcours d’un passager du Titanic. Afin de répondre aux besoins des enseignants qui désirent effectuer en classe une synthèse des collectes après la visite, les élèves sont donc séparés en trois groupes. Cette différenciation ne peut être effectuée que dans la partie « La vie à bord » de l’exposition. Cependant, des activités de collecte d’informations dans les espaces communs permettent d’avoir une diversité de réponse. Par exemple, la première partie de l’exposition se situe dans une galerie où plusieurs noms de villes portuaires sont affichés au sol. Il est demandé à l’élève de ne relever qu’une seule réponse. Toutefois, la diversité des réponses dans leur collecte permettra un retour en classe le plus exhaustif possible.

La construction de ces livrets a néanmoins été le sujet de questionnements de la structure concernant sa distribution. Jusqu’alors, les livrets d’accompagnement des élèves pour les autres espaces d’exposition étaient produits et remis aux élèves par La Cité de la Mer. Les livrets enquête pour l’espace « Titanic et Emigration » seront disponibles gratuitement sur le site internet de la structure. Ce choix est justifié par un certain nombre de facteurs :

  • Cela permet une réduction des coûts pour la structure puisque l’impression des livrets est à la charge des enseignants ;
  • Cela permet de mettre dans les livrets un certain nombre d’illustrations qu’il n’aurait pas été possible d’inclure dans le cas de livrets payants. En effet, les droits dont s’est acquittée la structure pour certains documents iconographiques n’incluent pas la distribution commerciale. Ces documents sont par contre distribuables gratuitement ;
  • Cela permet au professeur de s’approprier les outils avant sa remise aux élèves pour la visite.

En terme de charte graphique, j’ai décidé que la surcharge d’éléments visuels tels que des fonds de page ne doivent pas être utilisés pour deux raisons : pour alléger les coûts d’impression des établissements scolaires et pour permettre une bonne lisibilité des documents dans une impression en noir et blanc.

Pour une cohérence visuelle, les livrets ont été réadaptés en adoptant la même charte graphique que la muséographie (typographie, couleurs).

Voici les livrets dans leur dernière version reprenant la charte graphique de la muséographie :

 
 

Livrets 1re classe

   
 

Dans la construction d’outils pédagogiques pour les élèves, la structure culturelle doit donc porter son attention sur les objectifs de ce médium et en conséquence adapter sa forme et son contenu.