David Menidrey
Portfolio numérique

S'adapter à des publics différents

IUFM Alençon - Centre National de la Danse, « A chaque danse ses histoires ».


Par un partenariat avec le Centre National de la Danse, le centre d’Alençon de l’I.U.F.M. de Basse-Normandie fut le lieu d’une exposition temporaire intitulée « A chaque danse ses histoires ».

La médiation pédagogique vers des élèves de Cycle 3 a été confiée aux étudiants de médiation culturelle sous la supervision de notre formateur dans le cadre d’une unité d’enseignement.

Afin de pouvoir proposer une médiation cohérente, une intervenante du Centre National de la Danse nous a formé pendant deux jours aux connaissances essentielles, aux techniques de médiation pour un atelier chorégraphique. Nous avons aussi pu prendre appui sur un dossier pédagogique fourni accompagné d’un DVD comprenant des extraits de vidéos de danse.

La médiation qui nous a été confiée consistait en trois modules de trente minutes chacun qui permettent à l’élève de s’approprier le contenu de l’exposition sous un angle que nous avons pu déterminer. Ces trois modules qui pouvaient être indifféremment au début, au milieu ou à la fin de la médiation consistaient en :

  • une médiation directe réalisée par les étudiants autour des panneaux de l’exposition ;
  • un atelier chorégraphique qui invitait les élèves à découvrir la danse par la pratique ;
  • un « atelier du regard », ou atelier vidéo qui consistait au visionnage de quelques extraits chorégraphiques et d’une invitation à la réflexion des élèves autour de ces vidéos.

Chaque médiateur accompagnait un tiers de classe (environ 7-8 élèves) pour la durée totale de la médiation.

Ce projet a représenté une étape importante de notre formation puisqu’elle constituait notre première médiation au cours de laquelle nous allions nous retrouver devant un public réel et scolaire.

De plus, nous avions comme contrainte la tâche de produire un livret d’accompagnement pour les élèves.

Notre groupe constitué de Camille FAVREAU, Milène GALLAIS, Anna SHALANKINA et moi-même avions choisi le thème « la danse comme moyen d’expression ».

Voici les différents scénarios que nous avons conçus et le livret d’accompagnement ci-dessous :

L’évaluation de cette médiation s’est déroulée en deux temps. Lors de notre première médiation, un binôme nous observait et nous rendait compte a posteriori des qualités et des éléments à améliorer de nos médiations. Dans un second temps, une évaluation sous la forme d’une captation vidéo a été menée. Cette évaluation a cependant des limites puisqu’elle impliquait l’auto-évaluation. Il était certainement compliqué à ce stade de la formation, alors que nous n’avions pas d’autres expériences sur lesquelles nous appuyer, d’avoir une distance suffisante sur notre attitude et notre travail pour dresser un bilan de compétence.

Cette évaluation m’a cependant permis de me poser un certain nombre de questions sur l’attitude et la place du médiateur face à un groupe scolaire :

  • Quelle place tient le médiateur dans la gestion de groupe lorsque le professeur est également présent ?
  • Comment faire participer des enfants à un atelier chorégraphique alors que certains sont timides et anxieux à l’idée de se montrer devant les autres ?
  • Comment s’assurer que tous les élèves sont impliqués dans une médiation et comment évaluer cette implication ?

Ces questions m’ont permis d’appréhender les médiations suivantes sous ces perspectives et de développer des attitudes et des compétences en fonction de ces réflexions : positionnement qui permettent de n’exclure personne, regards portés sur l’ensemble du groupe, invitation à ce que chacun puisse participer à l’activité…

Ce projet nous a également donné la possibilité de réaliser une médiation vers un public adulte éloigné de la culture. Le groupe qui nous a été confié est un groupe d’adultes en situation d’illettrisme, dont une remise à niveau est effectuée par l’association La Boite aux Lettres à Alençon. Afin d’adapter notre médiation et de connaître ce public, nous avons rencontré au préalable Catherine FORNER, directrice de l’association qui nous a apporté de précieuses informations sur les activités de l’association et de la manière dont ce public pouvait s’approprier un contenu culturel.

En suivant les conseils de Mme FORNER, nous avons adapté notre médiation selon certains principes :

  • Il ne faut pas utiliser de vocabulaire complexe et bien s’informer que le public n’est pas perdu avec des lacunes lexicales ;
  • Inviter Mme FORNER à intervenir lorsqu’elle ressent le besoin d’apporter des précisions ;
  • Donner des indications spatiales et temporelles qui soient facilement mesurables : au lieu par exemple de dire qu’un événement a eu lieu dans les années 1930, préférer des expressions telles que « à l’époque de nos grands-parents » qui est plus claire pour des personnes éloignées de la culture.
  • Laisser le public s’exprimer quand il en ressent le besoin puisque l’objectif de ces personnes est qu’ils développent des compétences langagières : la communication est donc très importante pour eux ;
  • Ne pas s’appuyer sur le texte et favoriser les éléments iconographiques et faire participer le public sur ces éléments.

Pour des raisons pratiques et organisationnelles, il n’a pas été possible d’évaluer notre formation sous la forme d’une observation. Nous avons cependant pu nous entretenir avec Mme FORNER à la suite de notre médiation pour analyser notre action.

Nous avons pu mesurer la réussite de notre intervention par l’enthousiasme du public au cours et au terme de l’activité et par le retour positif de Mme FORNER lors de notre entretien post-médiation.

Enfin, nous avons mesuré la portée pédagogique de notre action par ce billet posté sur le blog de l’association.

Une structure culturelle doit pouvoir adapter son offre pédagogique à des publics différents. Pour les publics les plus spécifiques, il est nécessaire de s’entretenir avec les accompagnateurs au préalable pour déterminer les adaptations à procéder.